
La filière des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) est une filière clé de l’agriculture française, pour approvisionner les secteurs pharmaceutique, agroalimentaire, cosmétique, ainsi que la parfumerie en matières premières. Mais, face au changement climatique, la filière connaît des une augmentation des coûts de production et une baisse de rendement et de qualité des plantes. Comment assurer la résilience de la filière PPAM ?
La culture des PPAM en France remonte à l'époque romaine, mais c’est à partir du XVIIe siècle qu’elle se développe fortement avec l'établissement de parfumeries à Grasse, attirant des artisans et des cultivateurs de tout le pays.
Aujourd’hui, la France est l'un des principaux producteurs de PPAM en Europe, avec plus de 65 000 hectares dédiés à ces cultures répartis entre 6 500 exploitations, pour moitié en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Près de 26 % des surfaces totales des PPAM sont cultivées en agriculture biologique en 2022, soit deux fois plus que la moyenne de l’agriculture française. Source : FranceAgriMer.
La filière PPAM compte plus de 120 variétés de plantes cultivées et 350 plantes sauvages cueillies. En France, les principales essences cultivées sont : la lavande et le lavandin (plus de la moitié de la surface cultivée), la menthe, le thym, le romarin, la sauge et la rose de mai.
La filière PPAM est bien structurée, tout au long de sa chaîne de valeur, avec de nombreux acteurs complémentaires :
La filière PPAM est donc bien structurée pour répondre à la demande des industries françaises et internationales. Mais elle fait face à un défi de taille : s’adapter au dérèglement climatique qui impacte les conditions de production, et donc les rendements, la qualité et les coûts de production des plantes.
Comme pour la plupart des végétaux, une hausse des températures moyenne affecte directement la croissance des plantes aromatiques et médicinales. Cela altère notamment la phénologie des plantes, c'est-à-dire le calendrier des stades de croissance (floraison, fructification, etc.) et la synchronisation avec les pollinisateurs.
La modification des régimes de précipitations impacte aussi les rendements. Certaines régions de production des PPAM, notamment dans le Sud de la France, souffrent d'une diminution des précipitations annuelles, avec des périodes de sécheresse de plus en plus longues. La production de la menthe et du romarin, par exemple, est fortement affectée par le stress hydrique.
À l'inverse, dans certaines régions, des épisodes de précipitations intenses, notamment sous forme d’orages violents, entraînent des inondations qui endommagent les cultures et contribuent à la baisse de rendements et de qualité.
L’augmentation des événements climatiques extrêmes, comme les tempêtes, aggrave également l’érosion des sols, particulièrement dans les régions montagneuses où sont cultivées certaines PPAM . L’érosion réduit la fertilité des sols et donc la résistance des plantes, et la dégradation de la structure des sols complique l'infiltration de l'eau, aggravant les phénomènes de sécheresse…
La sécheresse prolongée, exacerbée par des étés plus chauds, affaiblit également les plantes, les rendant plus vulnérables aux maladies fongiques et bactériennes, et aux parasites, comme les noctuelles de la lavande qui font déjà de nombreux dégâts sur les cultures françaises.
La monoculture et l’utilisation de pesticides chimiques entraînent une baisse de la biodiversité dans les cultures de PPAM. De plus, la sélection génétique pour des variétés plus résistantes à la sécheresse ou aux ravageurs implique une réduction de la diversité génétique des plantes cultivées. Cette simplification des écosystèmes accroît leur vulnérabilité aux changements climatiques, car des écosystèmes plus diversifiés sont généralement plus résilients.
Face à ces nombreux défis, les producteurs et les chercheurs tentent d'adapter la filière PPAM pour garantir sa résilience et sa durabilité. En plus de leviers comme la sélection variétale, plusieurs leviers agroécologiques sont déjà expérimentés ou adoptés.
L’agroécologie repose sur l’application de principes écologiques dans la gestion des écosystèmes agricoles. Elle se base sur la diversification des cultures, l’optimisation de la gestion des ressources naturelles (eau, sol, biodiversité), ainsi que la promotion des interactions bénéfiques entre les plantes et leur environnement. Lire notre article sur l’agroécologie.
On peut notamment souligner la mise en place des leviers agroécologiques suivants :
La monoculture rend les systèmes agricoles plus vulnérables aux ravageurs et aux maladies. En diversifiant les espèces cultivées, les producteurs créent des écosystèmes plus équilibrés et ils diluent le risque lié à chaque culture.
Dans les systèmes agricoles intensifs conventionnels, l’utilisation excessive d’engrais et de produits phytosanitaires appauvrit les sols, pollue les eaux souterraines et nuit à la biodiversité locale. L’agroécologie encourage l’utilisation de techniques agricoles plus durables, comme l’enherbement, la rotation des cultures et l’apport de matière organique, afin de restaurer la fertilité naturelle des sols. Cette approche est cruciale pour les PPAM, car la qualité des sols influence directement la teneur en principes actifs et aromatiques des plantes.
Pour remplacer les insecticides et lutter contre les ravageurs des cultures de PPAM il est possible de faire appel à des insectes auxiliaires, prédateurs naturels des ravageurs. Par exemple, dans les champs de lavande et de lavandin, la lutte biologique contre la cicadelle a été renforcée grâce à l'introduction d’insectes prédateurs et l’aménagement d’habitats favorables à leur développement.
La gestion de l'eau est un enjeu crucial pour la filière PPAM. Les producteurs se tournent de plus en plus vers des techniques d'irrigation économes en eau, comme le goutte-à-goutte, pour maximiser l'efficacité hydrique. De plus, certains utilisent des techniques de paillage, qui consiste à recouvrir le sol avec des végétaux, pour réduire l'évaporation de l’eau et conserver l’humidité du sol.
L’agroforesterie, qui combine arbres et cultures agricoles sur une même parcelle, est une pratique agroécologique de plus en plus prisée dans la filière PPAM. Les arbres jouent un rôle protecteur en offrant de l'ombre aux cultures sensibles à la chaleur, réduisant ainsi le stress hydrique des plantes et limitant l’évaporation de l’eau des sols. L'agroforesterie améliore non seulement la résilience des cultures face à la sécheresse, mais aussi la biodiversité en créant des habitats pour les pollinisateurs et autres espèces bénéfiques.
La transition agroécologique de la filière PPAM nécessite un soutien important en termes de formation des agriculteurs et de financements de leur transition. La complexité des pratiques agroécologiques demande une adaptation des connaissances et des compétences, notamment en matière de gestion des écosystèmes, de pratiques culturales diversifiées et de techniques de réduction des intrants chimiques. C’est une prise de risque pour les producteurs, qui doit être valorisée et partagée par tous les acteurs.
C’est pourquoi chez Agoterra, nous mobilisons des entreprises pour financer la transition de leurs filières d’approvisionnement. De nombreuses entreprises du secteur des cosmétiques - ex. Clarins - de la parfumerie - ex. Interparfum ou Dior Parfums - ou de la pharmacie - ex. Pierre Fabre - font appel à nos services pour accélérer la transition agroécologique de leur amont agricole.
Cela leur permet de sécuriser leurs approvisionnements et de garantir la qualité et la traçabilité de leurs produits, en participant à une dynamique collective de transition un modèle agricole plus durable.
Étude de cas : Pierre Fabre soutient la transition de ses filières plantes médicinales
Rendez-vous au Salon Produrable, pour notre conférence témoignage du laboratoire pharmaceutique Pierre Fabre, sur la transition de ses filières PPAM pour atteindre ses objectifs de Net Zero 2030.
Quand ? Le jeudi 10 octobre à 14h30 au Palais des Congrès de Paris.
Pour réserver gratuitement, c’est par ici !
Et si vous souhaitez un pass visiteur Produrable gratuit pour venir assister à la conférence, écrivez-nous : mathilde@agoterra.com
Sources :