Comment est fixé le prix d’un crédit carbone ?
De plus en plus d'organisations (entreprises, collectivités, institutions...) s’engagent dans une trajectoire bas-carbone, qui comprend plusieurs étames : faire son bilan carbone, supprimer ou réduire le maximum d'émissions de gaz à effet de serre, puis contribuer à l’objectif de neutralité carbone mondial à hauteur des émissions carbone incompressibles.
Cette dernière étape comporte ainsi l'achat de crédits carbone, où 1 crédit vaut 1 tonne de CO2 capturée et stockée durablement. En achetant des crédits carbone, toute organisation peut alors soutenir le développement de projets de séquestration et de réduction de CO2. Cela représente un véritable engagement financier dont il faut comprendre les rouages et les mécanismes, ce que nous vous proposons de faire dans cet article.
Avant tout, petit zoom sur les crédits carbone…🔎
Qu’est ce qu’un crédit carbone ?
Pour compenser ses émissions résiduelles, il faut acheter des crédits carbones.
Crédit Carbone : Unité qui voit le jour dans le cadre du protocole de Kyoto. Elle correspond à l’équivalent d'une tonne de dioxyde de carbone capturée ou réduire dans des projets carbone (forêts, champs...), puis mise sur le marché du carbone. Synonyme : Unité de réduction certifiée des émissions, URCE, quota-carbone
💡Pour illustrer, voici un exemple : Une entreprise émet chaque année 200 tonnes de carbone incompressibles. A quelques kilomètres de ses bureaux, une ferme capture dans son sol - grâce à la mise en place d’une agriculture régénératrice - 200 tonnes de carbone. Si la ferme en question fait garantir son impact environnemental par un label ou un organisme certificateur, elle peut transformer ses 200 tonnes de carbone en 200 crédits carbone. L'entreprise peut alors acheter ces 200 crédits carbone à un prix convenu entre les deux partis, et soutenir ainsi le développement de puits de carbone. Elle contribue alors à l’objectif de neutralité carbone mondiale.
Comment est attribué un crédit carbone ?
Il existe plusieurs types de crédits carbone : les crédits carbone en reforestation, les crédits carbone technologiques de direct air capture (DAC), les crédits carbone en agriculture durable ...
Pour pouvoir émettre un crédit carbone, le porteur de projet doit garantir que la ligne directrice de son projet est la lutte contre le dérèglement climatique. Pour cela, 3 étapes sont nécessaires :
- Démontrer l’éligibilité de son projet : il est important avant toute chose de comprendre les enjeux et confronter son projet aux exigences de la labellisation. Il s’agit donc de prouver qu’il n’aurait pu avoir lieu hors du cadre de la contribution carbone.
- Connaître l’impact de mon projet : cette seconde étape consiste à estimer les crédits carbone qui pourraient être créés, c’est-à-dire le nombre de tonnes de carbone qui pourront être évitées.
- Trouver la bonne certification : à titre personnel ou par le biais de sa coopération par exemple, il est nécessaire de choisir un Label afin de pouvoir vendre ses crédits carbone. Le label se choisit selon votre type de projet, et définit un processus de certification ainsi qu’une méthodologie propre.
Alors, comment est calculé le prix d’une tonne de carbone ? 💸
Aujourd’hui, le prix du carbone dans le monde varient énormément selon le type de projet : il peut aller de 0.50€ à 300€. En France, le prix moyen du crédit carbone vendu par le biais du Label Bas Carbone est par exemple de 32€ pour un crédit carbone, c'est-à-dire 32€ pour 1 tonne de CO2.
Le prix d'un crédit carbone est fixé selon 3 critères : le coût du projet, le coût de la certification, et les coûts d'interemédiation. Explications 👇
• Le coût du projet englobe tous les actions nécessaires à la réalisation du projet. Ce sera par exemple le coût de replantation et d'entretien d'une forêt, ou alors le coût des nouvelles machines et modes de production en agriculture régénératrice.
• Le coût de certification varie d'un label à l'autre, mais les audits de vérification de l'impact des projets ont un prix non dérisoire.
• Les coûts d'intermédiation regroupent tous les coûts ajoutés par les intermédiaires qui regroupent et aggrégent les projets, leur donne vie en les valorisant et s'assurent de leur qualité à travers un système de remontée de données terrain.
Par exemple, un crédit carbone en France est plus cher qu’un crédit carbone à l’autre bout du monde, et cela s’explique par les différentes étapes qui assurent la viabilité du projet :
1. On réfléchit : comment mettre en place des puits de carbone de façon durable et régénérative ? 🧠
2. On agit : mise en place concrète du projet au travers de différentes actions (plantation de haies ou d’arbres, diminution des intrants en agriculture...) 🚜
3. On certifie : on prouve que la démarche à du sens et des co-bénéfices, sur le long terme 📋
Ces 3 processus qui ont un prix, auxquels se soustrait les revenus liés aux co-bénéfices des actions misent en place.
Notons également que le prix varie en fonction de certains facteurs :
- La localisation : un projet en France, qui est traçable et certifié, coûte plus cher qu’un projet hasardeux à l’autre bout du monde
- Le type de certification : Label Bas Carbone, Verra, Gold Standard…
- Le type d’activité : il revient plus cher de mettre en place une agriculture régénénérative que de planter des arbres
- Les co-bénéfices impliqués, le nombre d’acteurs sollicités et bien-sûr le volume de crédit carbone achetés
De fait, comment fonctionne le marché du carbone volontaire ? 🤝
Comment vendre un crédit carbone ?
Pour vendre ses crédits carbone, un agriculteur doit passer par un mandataire de projet c’est-à-dire un organisme qui va accompagner les producteurs dans la mise en place et dans la valorisation des bonnes pratiques : il aide à la gestion administrative, au soutien logistique, fournit des conseils de certification par mutualisation, aide à la communication et à la négociation avec les acheteurs…
Afin de rapprocher monde agricole et monde de l’entreprise, et pour faciliter la relation porteurs de projet - financeur, il existe des entreprises dédiées, comme AGOTERRA.
Combien un agriculteur gagne en vendant des crédits carbone ?
En France, un agriculteur gagne en moyenne 40€ par tonne de carbone vendues ; À l'international, une tonne de carbone vaut en moyenne 10€.
De cette manière, en fonction du type d’exploitation et des leviers mis en place, un agriculteur peut espérer un gain de 0,5 à 1,5 crédits carbone par hectare et par an.
Les financeurs sont donc des entreprises qui souhaitent s’engager dans une stratégie bas carbone et ainsi contribuer à l'objectif de neutralité carbone mondiale. Cependant, il est important de noter que les crédits carbone ne sont effectifs qu’au bout de 5 ans, au terme de l’audit final du porket.
A l’inverse, comment fonctionne le marché de contribution carbone obligatoire ?
Parce que, oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, la contribution carbone volontaire ne suffit pas : toutes les entreprises ne sont pas prêtes à s’engager “gratuitement”.
C’est pourquoi la contribution carbone obligatoire ou forfaitaire a été imposée par les États signataires du protocole du Kyoto aux entreprises les plus polluantes du pays. En France, 1000 entreprises les plus polluantes, issus des secteurs comme l’énergie, l’aviation, la production ou encore la transformation de métaux ferreux, sont concernées.
Ainsi, chaque entreprise concernée se voit attribuer un quota de carbone (c’est-à-dire un nombre maximum de tonnes de CO2 qu’elle peut émettre par an). Mais, que se passe-t-il si ces entreprises dépassent ce seuil de pollution annuel ?
- Option n°1 : elles s’exposent à une amende
- Option n°2 : elles rachètent des quotas carbone aux entreprises n’ayant pas atteint leurs quotas annuels.
C’est un mécanisme incitatif censé pousser les plus gros pollueurs à baisser leurs émissions. Il existe donc un marché des crédits carbone obligatoire : Un des marchés les plus abouti en ce sens est l'European Union Emissions Trading System (EU ETS ).
Quel est l’avenir du crédit carbone ?
On observe ces dernières années une prise de conscience face à l’urgence climatique : à l’échelle des entreprises, cela se traduit par une volonté de plus en plus forte de s’engager dans des stratégies bas carbone.
De fait, la demande des acheteurs augmente alors que l’offre sur le marché du carbone volontaire non. Entre janvier et décembre 2021, on estime que les stocks de crédits carbone volontaire ont chuté de 50% : à ce rythme, l’inventaire actuellement disponible risque d’être épuisé dans les prochaines années. Notons que les crédits carbone issus des nouveaux projets prennent entre 1 et 5 ans à arriver sur le marché.
Cette lacune entre offre et demande crée une forme de pression qui entraîne une augmentation des prix, ce qui chamboule les trajectoires bas carbone des entreprises.
Selon les prévisions gouvernementales, les échanges mondiaux en crédits carbone pourraient être multipliés par 15 d’ici 2030, et 100 d’ici 2050. Ses chiffres sont en accord avec le plan France 2030, la stratégie nationale bas-carbone ainsi que les accords de Paris qui tous deux visent une transition écologique et une réduction des émissions de GES.
SOURCES :
https://www.ecologie.gouv.fr/prix-du-carbone
https://www.sami.eco/blog/credit-carbone
https://www.monpetitforfait.com/energie/aides/achat-credit-carbone
https://www.greenly.earth/blog-fr/credits-carbone-definition-prix-achat-et-greenwashing
https://www.hellocarbo.com/blog/compenser/credit-carbone/
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/prix-carbone_4p_DEF_Fr.pdf
https://www.info-compensation-carbone.com/ecosysteme/le-label-bas-carbone/
https://www.climatmundi.fr/credits-carbone-_l_FR_r_54.html
https://www.info-compensation-carbone.com/porteur-de-projet/
https://www.ecologie.gouv.fr/marches-du-carbone