Construire sa stratégie bas carbone pour rendre son territoire résilient !
Aujourd’hui, les enjeux climatiques et réglementaires, mais aussi l’exigence écologique des clients et des collaborateurs, incitent les entreprises à entreprendre une action en faveur du climat, et à établir une stratégie bas carbone.
La dernière étape d'une stratégie bas-carbone rigoureuse consiste à contribuer à la neutralité carbone mondiale en compensant les émissions de CO2 résiduelles de toute l’organisation ; cette dernière prend tout son sens dans un impact à la fois local et social, notamment via la coopération au service d’une agriculture régénératrice. Avec SOPHIE STEPHAN, directrice RSE à la Banque Populaire Val de France, Jean-Marc Lemaire, agriculteur (GAEC de l’arc-en-ciel), et Martin Sofer Inglesi, notre spécialiste carbone et biodiversité chez AGOTERRA!
Le lien vers le replay ici !
Le rôle de l’agriculture face au réchauffement climatique
Comprendre le dérèglement climatique
Avant toutes choses, il est essentiel de comprendre le fonctionnement du dérèglement climatique. Les principaux gaz à effet de serre que sont le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d’azote ont pour effet d’augmenter la température globale sur la surface de la terre. Plus d’émissions de GES il y a, plus les températures vont augmenter.
C’est en ce sens que les accords de Paris en 2015 ont fixés comme objectif de limiter l'augmentation des températures à 1,5°C. Nous allons aujourd’hui à grand pas vers les +3°C, c’est-à-dire vers un effondrement du système de santé, des rendements agricoles, vers une pénurie d’eau en Europe… 🌍
Comment faire pour réduire ces émissions ?
Il est désormais avéré que les activités humaines sont responsables de l’augmentation exceptionnelle des émissions de GES dans l'atmosphère. L’augmentation de la concentration de gaz à effet de serre atmosphérique entraîne le réchauffement climatique observé ces dernières années. Les émissions anthropiques sont donc responsables du changement climatique. Depuis l’ère industrielle, la température a augmenté de 1,2 degré.
🇫🇷 En France, la stratégie nationale bas carbone (SNBC) prévoit des réductions d’émissions ainsi qu’une augmentation des puits de carbone sur la territoire. L’objectif final est l’atteinte de la neutralité carbone en 2050.
Où en est-on aujourd’hui ?
Le monde agricole représente 19% des émissions de GES. L’ensemble des puits de carbone en France capte 8% de tout ce qui est émis dans le pays.
Cette captation est stockée dans les puits de carbone que sont les sols et les forêts. Pour vous donner une image, il y a 6 à 8 fois plus de carbone stockés dans les sols que dans l’atmosphère.
La contribution carbone comme outil de transition vers une agriculture durable
Les gaz à effet de serre émis par l’agriculture sont à 45% le méthane (gaz issus principalement de la fermentation entérique des bovins et des ruminants)et 42% le protoxyde d’azote qui renvoie à l’activité du sol.
Aujourd’hui, c’est deux tiers de l’empreinte carbone de l’alimentation en France qui est lié à la production agricole. Or, la séquestration de carbone dans les sols agricoles a le même potentiel d’évitement carbone que le secteur de la forêts ou encore de l'énergie solaire et de l’éolienne. 🌬️
Les puits de carbone en France permettent d’absorber au total 30M de tonnes de CO2éq et 29M tonnes de CO2éq par les sols agricoles annuellement.
Avez-vous déjà entendu parler du 4 pour 1000 ? 4 pour 1000 ça veut dire SI on augmente 0,4% la teneur en carbone dans les sols chaque année ; ALORS, on stopperait l’augmentation de la concentration de carbone dans l’atmosphère.
En somme, l’agriculture est le deuxième poste d’émissions mais aussi un potentiel puits de carbone très puissant, aux multiples co-bénéfices : amélioration de la qualité de l’eau et de l’air, protection de la biodiversité, augmentation de la résilience des cultures face aux aléas climatiques… 🌊
Que peuvent faire les entreprises ?
3 étapes pour une construction de stratégie bas carbone :
👉 Réduire les émissions de GES directes (utilisation de combustibles fossiles) et indirectes (émissions de mes fournisseurs et de mes clients par rapport à mes produits) de l’entreprise.
👉 Éviter : aider les autres à réduire leurs émissions ; financer la réduction des GES dans d'autres secteurs ou chez les fournisseurs et les clients.
👉 Séquestration de carbone : financement de puits de carbone dans sols agricoles, les forêts…
Un cas pratique : la Banque Populaire Val de France & le GAEC de l'ARC-EN-CIEL témoigneront de la mise en place de leur démarche de contribution carbone accompagnée par AGOTERRA
Témoignage de Banque Populaire Val de France
Banque Populaire Val de France est une banque coopérative, ancrée sur le territoire, avec un fort impact. En effet, l’entreprise accorde beaucoup d’importance au territoire, à l’engagement et à la proximité.
Aujourd’hui, dans le contexte actuel, ils estiment ne pas pouvoir ne pas s’engager pour la planète, d’autant plus que certains éléments comme la loi climat et résilience y incite. Et pour le faire correctement, ils ont besoin d’un engagement transparent et traçable.
Aujourd’hui, BPVF s’engage parce que :
👉 dans le contexte actuel, ils estiment ne pas pouvoir ne pas s’engager pour la planète
👉 Certains éléments y incitent comme la loi climat et résilience
👉 les entreprises clientes de la banque ont elles-mêmes des enjeux de transition
C’est en ce sens que l’entreprise a fait un bilan carbone : on compte donc 16 milles tonnes de C2éq. sur le territoire Val de France.
Le groupe BBCE, c’est-à-dire banque populaire et la caisse d’épargne ont pris l'engagement de réduire de 15% son empreinte carbone : cela se fait au travers des bâtiments, du numérique, de la mobilité et des achats. 💰
Au travers de AGOTERRA, Banque Populaire Val De France consacre une enveloppe financière au soutien d’agriculteurs en transition vers l’agroécologie (ce qui permet de créer des puits de carbone). Ainsi, ils soutiennent aujourd’hui 3 agriculteurs à proximité de leurs centres, et évitent 818 tonnes de carbone sur 5 ans dans le cadre du Label Bas Carbone.
Aujourd’hui, ils sont en contact direct avec les agriculteurs soutenus, et ont visité leur ferme afin d’être au plus proche du terrain.
Le Label Bas Carbone : tiers de confiance entre l’agriculteur et l’entreprise
Le Label Bas Carbone est un cadre de suivi, de notification et de vérification des projets volontaires de réduction d’émissions GES sur le territoire français. Il permet donc de comptabiliser et certifier sur la base des méthodes approuvées de réductions et de séquestration des émissions sur des projets d’une durée de 5 ans.
De cette manière, la labellisation des projets et la certification des crédits carbone permettent aux agriculteurs de vendre ces derniers aux entreprises qui veulent contribuer à la transition agroécologique des agriculteurs et agricultrices. 👨🏻🌾
Il existe aujourd’hui quatre secteurs principaux éligibles au Label Bas Carbone : les transports, le bâtiment, la forêt et l’agriculture. Le secteur agricole comprend lui-même 6 méthodologies validées :
👉 Méthode “Carbon Agri” : développée par l’Institut de l’élevage (IDELE), est la première méthode validée par le Label Bas Carbone. Elle cible à la fois les exploitations d’élevages bovins et de grande culture.
👉 Méthode “Haies” : cible la plantation et la gestion de haie durable.
👉 Méthode “Plantation de vergers”, vise à planter des arbres fruitiers sur des parcelles non-cultivées.
👉 Méthode “SOBAC’ECO TMM” : cible la gestion et la réduction des intrants.
👉 Méthode “Ecométhane” : cible la réductions des émissions de méthane d’origine digestive par l’alimentation des bovins laitiers.
👉 Méthode “Grande culture” : cible les réductions d’émissions en exploitations grandes cultures.
En cours d’étude : élevage de porc, viticulture, plantes à parfum, légumineuses…
L’objectif final est de valoriser les pratiques régénératrices qui stockent du carbone dans les sols.
Témoignage de Jean-Marc Lemaire, exploitant agricole au GAEC de l’Arc en Ciel
L’engagement de Jean-Marc Lemaire dans l’agroécologie commence en 2021, avec un diagnostic carbone CAP2ER organisé avec Alise, sa coopérative de conseil en élevage. Ainsi, l’empreinte carbone de l’exploitation se résume à 0,4kg de CO2éq. par litre de lait, 200 400kg de CO2éq. par hectare de culture de vente, et 12,8kg de CO2éq. par kg de viande vendu. Jean-Marc se situe donc dans la moyenne nationale. 🇫🇷
Il est ensuite accompagné par des techniciens, qui l'aiguillent sur des mesures adaptées à sa ferme, afin de réduire de 6% les émissions de CO2 sur la production laitière et les hectares de culture de vente et de 2% sur la viande. 🥓
A cela s'ajoutent 11 tonnes de CO2éq. pouvant être stockés dans les sols. Ainsi, tout cumulé, 313 tonnes peuvent être évitées sur l’exploitation.
Pour se faire, Jean-Luc a mis un bon nombre d’action en place :
👉 Réintroduction de l’herbe sur l’exploitation : diminution des émissions de CO2éq., augmentation de la quantité de lait de (+500L par vache en moyenne) et amélioration de la qualité du lait (ce qui est un critère de rémunération).
👉 Introduction des tourteaux de colza pour remplacer le tourteau de soja, afin d’éviter l’importation.
Pour l’instant, cette mesure n’est pas encore mise en place sur l’exploitation, au vu de l’explosion du prix des matières premières.
👉 Augmentation du temps de pâturage en passant de 25 à 45 jours : augmentation de l’autonomie protéique sur l’exploitation, meilleure état sanitaire des animaux, intensification naturelle de l'élevage.
👉 Mise en place d’un compostage des déjections (fumier et lisier) : diminution l’impact des produits phytosanitaires
La mise en place de ces leviers agro-écologiques permet un véritable cercle vertueux : amélioration des revenus, de la santé des animaux, de la santé des sols, préservation de la biodiversité, meilleure résistance face aux aléas climatiques…
Bien-sûr, la transition est en cours et il reste de nombreux efforts à fournir.