Le processus de mise en place d’un projet bas carbone sur une ferme
Sur son exploitation, un agriculteur peut émettre des crédits carbone selon certaines conditions. Il en retire des avantages agronomiques et économiques à condition d’être accompagné par des organismes compétents. Mais comment cela se traduit-t-il concrètement ?
Réponse avec Thaïs Virely, conseillère à la Chambre d'agriculture d’Auvergne Rhône Alpes, et Mickaël Gonin, éleveur laitier dans le Rhône.
Quelles sont les raisons pour un agriculteur de se lancer dans une transition bas carbone ?
👨🏻🌾 Aujourd’hui, l'agriculture représente 20% des émissions de gaz à effet de serre en France. C’est un des secteurs qui occupe une des places les plus importantes dans la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, les sols sont de formidables puits de carbone qui permettent de séquestrer du CO2 dans l’atmosphère. Ainsi, il est possible de réduire le le taux de carbone dans l’atmosphère en développant des projets de réduction et/ou de séquestration de carbone sur des exploitations agricoles.
Cette transition bas carbone peut permettre à l’agriculteur de générer des crédits carbone à condition que le projet soit labellisé par exemple via le Label Bas Carbone ou Gold Standard.
Mais qu’elles seraient les raisons pour un agriculteur de se lancer dans une telle transition ? Les bénéfices sont nombreux:
• Gain technique : les pratiques d’élevage ou de culture sont optimisées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et/ou augmenter le stockage carbone
• Gain économique : la vente des crédits carbone qui représente à minima 30€ à 32€ par tonne de CO2 évité qui sont garantis pour l’agriculteur
• Accompagnement technique : tout au long de la démarche, l’agriculteur est accompagné par le porteur de projet et le mandataire dans les changements de pratiques.
Comment se met en place un projet bas carbone sur une ferme ?
Quel est le processus et les leviers établis ?
Focus sur une exploitation agricole : la ferme de Mickaël, éleveur laitier dans le Rhône qui a mis en place un projet labellisé bas carbone. Mickaël applique sur sa ferme la méthode Carbon Agri du Label Bas Carbone (label du ministère français de la Transition Écologique). C’est une méthode de suivi des réductions d’émissions en élevages bovins et de grandes cultures. 🐄
Les méthodes d’agriculture bas carbone sont généralement étalées sur 5 ans et sont composées de nombreuses étapes différentes. La méthode qui nous intéresse dans cet exemple, à savoir Carbon Agri, a les jalons suivants :
Afin de réduire et séquestrer du carbone sur sa ferme, Mickaël (GAEC de chez Palot) a mis en place de nombreux leviers :
• Amélioration de l’autonomie protéique (implantation luzerne)
• Diminution des achats de tourteaux de soja
• Diminution de la fertilisation azotée
• Diminution du labour : augmentation de la surface en Techniques Culturales Simplifiées (TCS) pour les maïs
• Diminution de l’âge au premier vêlage et augmentation de l’engraissement de génisses
• Changement de pratique d’épandage sur les surfaces qui le permet
• Mise en place de panneaux photovoltaïques
Toutes ces actions ont permis d’éviter ou de séquestrer au total sur son exploitation environ 390 tonnes de CO2.
Quels sont les gains pour l’agriculteur ?
Les gains pour Mickaël sur sa ferme :
🔧 Gain technique : réduction de la dépendance aux achats de tourteaux et développement du coproduit viande
💰 Gain économique : vente des crédits carbone, soit une rémunération complémentaire d’environ 11 000 € à la fin des 5 ans
🌾 Gain environnemental : baisse de 14% de l’empreinte carbone, augmentation du stockage carbone entre 5 et 7 T CO2 et baisse des émissions d’ammoniac
En conclusion, mettre en place un projet bas carbone sur sa ferme permet à un agriculteur des gains techniques, économiques et environnementaux. Ces projets labellisés durent 5 ans et s’appuient sur de nombreux leviers afin de réduire et/ou séquestrer des tonnes de carbone.