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Pour que le stockage de carbone soit une réalité et non un mirage, plusieurs conditions sont requises : un accompagnement technique qualifié, un soutien financier à hauteur du coût du stockage, et un partage du risque pour qu'il ne pèse pas uniquement sur l'agriculteur. L'Indice de Régénération est l'outil qui permet tout cela.
Venez découvrir cet outil avec Léa Lugassy, responsable scientifique de Pour une Agriculture Du Vivant, une association qui accompagne des filières agricoles et alimentaires dans leur transition agroécologique.
Tout d’abord, pour rappel un bilan carbone sur une ferme se fait sur deux aspects principaux : les émissions directes de gaz à effet de serre (GES) et les émissions liées à l’utilisation d’énergie, de fuel notamment.
En parallèle de ces émissions, l’agriculture permet le stockage de carbone, en lien avec l’agroécologie et la régénération des sols.
En effet, le sol est vivant donc il émettra toujours du carbone tout en permettant d’en stocker. Ce qui est intéressant c’est l’équilibre entre ces deux dynamiques :
L’indice de régénération est un outil développé par l’association Pour une Agriculture du Vivant. C’est une note sur 100 où l’idée pour une ferme est de voir sa marge de progression et d’établir les grands axes et pistes de travail. Dans l’indice, 60 points sont attribués à la régénération du sol (lié au travail du sol, à l’intensité de la couverture du sol, aux couverts végétaux, à l’apport de matière organique) et 40 points sur la santé des plantes, la diversité des cultures et la place de l’arbre sur l’exploitation.
Globalement, on constate que le niveau de stockage carbone d’une exploitation augmente avec son indice de régénération. Mais alors pourquoi cette corrélation ?
En général, les émissions de GES d’une ferme sont autour de 3,3 tonnes par hectares avec un stockage de carbone négatif.
Maintenant, prenons le projet CILV (Culture d’Industrie sur Sols Vivants), un agrégé d’agriculteurs qui sont pour certains dans un niveau intermédiaire de transition et pour d’autres très avancés, pionniers dans leurs méthodes. En moyenne ils émettent plus que l'exemple précédent (environ 4 tonnes à l’hectare) mais ils stockent plus de carbone (0,8 tonnes captées par hectares). Au total, le bilan net d'émission des fermes est équivalent à l'exemple précédent. Donc si on ne regarde que le bilan on a l’impression qu’il ne s’est rien passé mais agronomiquement il y a eu beaucoup d’avancées et l’indice de régénération est plus élevé.
En réalité, si on divise ces fermes entre les agriculteurs intermédiaires et les pionniers on observe le résultat suivant :
Finalement ce que l’on apprend de ces deux exemples c’est qu’un agriculteur qui souhaite réduire son bilan carbone ne doit pas se concentrer au début sur le fait d’émettre moins de carbone mais plutôt sur le fait de régénérer le sol (même si cela signifie mettre un peu d’intrants sur les couverts végétaux pour qu’ils fonctionnent les premières années par exemple). Au bout de quelques temps le stockage de carbone va augmenter car les sols se régénèrent.
Une ferme qui se lance dans sa transition doit faire des simulations en fonction de ses différents leviers d’actions. Comme supposé plus haut, on observe des antagonismes entre les leviers pour réduire les émissions et les leviers pour augmenter le stockage.
Donc, Pour une Agriculture du Vivant a réalisé des tests de simulation en se focalisant non pas sur les bilans carbone mais sur la régénération sur sol (mise en place de couvertures sur toutes les intercultures longues et augmentation de la biomasse des couverts à 4 tonnes de matière sèche par hectares).
Le résultat a montré une marge de progrès concernant en général ⅓ de la surface des fermes. Sur ces surfaces-là, grâce aux leviers établis, il serait possible de stocker une tonne de CO2 par hectare.
Or, via la vente des crédits carbone, l’agriculteur peut espérer gagner 35€ par tonne, soit entre 30 et 40€ par hectare ce qui ne couvrira pas les coûts qui ont été nécessaires à sa transition.
Il existe donc deux freins à la transition d’un agriculteur :
Pour pallier ce dernier risque l’idée est de lancer des mouvements collectifs. Par exemple Pour une Agriculture du Vivant propose des réseaux pour accompagner les agriculteurs, des interventions d’experts, des visites de fermes pionnières, …
Concernant le frein lié au financement l’idée pourrait être d’associer tous les financements possibles, de tout centraliser : les crédits carbone, l’aide de la région, la prime filière, … En cela, l’Indice de Régénération peut être un outil très utile puisqu’il adresse le système de la ferme dans son ensemble et qu’il mesure aussi bien le carbone que la biodiversité ou le traitement de l’eau par exemple ce qui permettrait de sécuriser la transition des agriculteurs.
En conclusion, il est important de retenir les points suivant :
Finalement, il faut passer du “financement de la transition” au “financement du nouveau modèle agroécologique”, collectif et sécurisant.