Qu’est-ce qu’une contribution carbone locale ?
La contribution carbone consiste pour une entreprise ou une collectivité à compenser ses émissions de gaz à effet de serre inévitables en finançant des puits de carbone naturels qui capturent du CO2 atmosphérique.
Financer la protection des océans, le reboisement de la forêt amazonienne, le passage à une agriculture régénératrice… Autant de façon d’utiliser les grands réservoirs naturels de carbone de la planète pour mitiger les effets du réchauffement climatique. Alors pourquoi privilégier des projets de compensation locaux, situés à proximité directe des infrastructures génératrices d’émissions ?
La contribution carbone ? 🧐
Qu’est ce que la contribution carbone ?
Contribution carbone : compensation volontaire des émissions résiduelles d’une entreprise, d'une personne ou d'une collectivité via l’achat de crédits carbone afin de tendre vers la neutralité carbone planétaire.
La contribution carbone constitue la 3eme et dernière étape d'une stratégie environnementale rigoureuse.
Une trajectoire bas-carbone se construit généralement comme ceci:
1. Mesurer : réaliser un bilan carbone afin d'avoir une base de référence à partir de laquelle on peut construire une stratégie de réduction.
2. Éviter et réduire les émissions de CO2 qui peuvent être supprimées. Une entreprise pourra ainsi remettre en question son cycle de production ou de consommation ; par exemple remplacer les emballages en plastique, éviter les déplacements inutiles ou mettre en place des systèmes de covoiturage, changer de fournisseur d’énergie…
3. Compenser les émissions inévitables en finançant des puits de carbone naturels et contribuer à la neutralité carbone planétaire.
Sans cette démarche préalable, la compensation n’est que du greenwashing qui camoufle l’impact de la pollution. Compenser ≠ annuler
Ainsi une entreprise qui émet 100 tonnes de CO2 résiduelles par an pourra financer un projet de stockage de 100 tonnes de CO2 via la reforestation, l'agriculture régénérative ou encore la protection des océans. C'est le principe des crédits carbones :
Crédit carbone : un crédit carbone est l’équivalent d’une tonne de carbone qui peut être stocké dans un puits carbone. Cette une unité voit le jour dans le cadre du protocole de Kyoto (1997) dans le cadre de la structuration du marché du carbone (obligatoire ou volontaire).
En d’autres termes une exploitation agricole ayant une capacité de stockage dans ses sols de 70 tonnes de CO2 pourra se faire financer en transformant ces 70 tonnes en 70 crédits carbones, via un organisme de certification. Elle pourra alors vendre ses crédits carbone sur le marché de la compensation carbone en leur fixant un prix.
Pourquoi faire de la contribution carbone ?
Contribuer à la neutralité carbone planétaire, c’est participer à l’objectif d'atteinte de la neutralité carbone mondiale en 2050 qui passera forcément l'utilisation de puits de carbone pour enlever l'excédent de CO2 atmosphérique.
Les émissions de gaz à effet de serre d'origine anthropiques ne cessent d'augmenter depuis deux siècles, ce qui augmente l'opacité de l’atmosphère aux rayonnements infrarouges du soleil, à l'origine du réchauffement de la basse atmosphère.
Il est urgent d’inverser la courbe et d'atténuer le réchauffement du climat, qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la vie terrestre :
- Hausse des extrêmes de température (maximales et minimales) 📈📉
- Hausse du niveau des mers, acidification et désertification des océans 🌊
- Intensification des aléas climatiques extrêmes (pluies, grêle, cyclones, sécheresse et période d’aridité)⛈🌪🌞
- Recul et fonte des glaciers 🗻
- Augmentation du stress hydrique 💦
- Mise en danger de la sécurité alimentaire
- Menaces sur des habitations (inondations/incendies de forêt) 🔥🌧
- Conséquences économiques 💸
- Prolifération des nuisibles et maladies 🪰😷
- Perte de la biodiversité 🦜🦭🦞🪱
La liste est, bien-sûr, non-exhaustive.
En agriculture aussi, l’élevage et les cultures seront largement perturbés : En plus de toute les conséquences citées plus haut qui bouleverseront nos pratiques, s’ajoutent
- L’avancement des calendriers de culture 🗓
- Le risque d’échaudage (*arrêt du développement du raisin ou des céréales à cause du dessèchement par le soleil) 🌞
- L’augmentation de l’évapotranspiration (*transfert de l’eau vers l’atmosphère par une transpiration des plantes) 🌬
- La baisse des réserves souterraines 🍂
- Les conséquences sur le bien-être des animaux 🐄
La contribution carbone est une solution pour mitiger de tels effets. Soutenir des projets de réduction carbone prend tout son sens lorsque l’on prend conscience de la globalité du problème.
Et cette lutte a encore plus de valeur lorsqu’elle s'incarne dans une démarche locale.
Comment fonctionne la contribution carbone locale ? 📍
Le territoire français a à sa disposition deux leviers de lutte contre le réchauffement climatique. Les deux utilisent la même technologie venue du fond des âges : photosynthèse.
- Les arbres 🌳
Planter des arbres ou prendre soin des arbres déjà existants, c’est une façon de créer ou conserver des puits de carbone. La quantité de CO2 stockée varie en fonction des variétés, de l'âge, de la taille, du climat, des sols… mais on peut considérer que, en moyenne, 6 arbres arrivés à maturité stockent 1 tonne de carbone.
- Les sols agricoles 🌾
« Les terres agricoles et la forêt séquestrent actuellement 4 à 5 gigatonnes de carbone (soit entre 15 et 18 Gt de gaz carbonique), dont plus des deux tiers dans les sols. Toute variation de ce stock influe sur les émissions nationales de gaz à effet de serre (GES) » - ADEME
En transitant vers l’agroécologie, les terres agricoles deviennent de véritables puits de carbone. Cela passe par la mise en place de pratiques tel que : une meilleure gestion du troupeau, de ses déjections, une optimisation de son alimentation, une diminution des engrais et intrants, une meilleure gestion des infrastructures, la plantation de haie, la mise en place de la rotation des cultures, la réduction du travail du sol…
Tous ces différents leviers sont regroupés sous le terme générique d'agriculture régénératrice.
Pourquoi choisir la contribution carbone locale ?
Parce que beaucoup reste à faire chez nous
Notons que seuls 4% des financements issus de la compensation carbone en Europe soutiennent des projets européens. L’objectif n’est pas de stopper la contribution carbone à l’étranger, mais un rééquilibrage est nécessaire si l'on veut aider les agriculteurs qui nous nourrissent, et les forêts qui nous font respirer.
En France, l'agriculture pèse pour 20% des émissions de CO2, alors qu'elle a le potentiel pour devenir le premier puit de carbone national. Les 400.000 agriculteurs français ont donc le pouvoir de devenir de véritables soldats du climat et de protection de nos écosystèmes. Ne leur manque qu'une incitation financière à le faire.
Aujourd’hui, 1% des crédits carbone, achetés par des entreprises françaises soutiennent des projets sur le territoire national, alors que tant reste à faire.
Pour garantir la qualité des crédits carbone
Bénéfice inestimable d'une contribution carbone locale : la garantie de transparence et de traçabilité des projets.
En soutenant les acteurs de la transition climatique près de chez vous et en valorisant leurs efforts vous faîtes le choix d'une contribution de qualité, garantie par les organismes de certification compétents (Label Bas Carbone, Gold Standard, Verra...).
Dans un second temps, une contribution locale permet d’observer, de comprendre et de suivre les démarches et les mécanismes soutenus : les projets sont donc plus concrets, plus éthiques et plus transparents.
En effet, les projets en France sont plus suivis et plus réglementés notamment grâce au Label Bas Carbone, garant de la qualité et de l'impact social et environnemental des projets.
Pour régénérer des écosystèmes naturels particulièrement abîmés
Créer des projets de contribution carbone sur nos territoires permettent de soutenir des projets écologiques : plantation ou replantation d’arbres, agriculture régénératrice… Il s’agit à la fois d’une aide financière et d’un véritable encouragement vers la mise en place de pratiques durables.
En France, les écosystèmes sont de plus en plus endommagés par le réchauffement climatiques : les forêts sont mises en danger (incendies, inondations, maladies et parasites...) tandis que les sols sont ravagés par un siècle d'agriculture intensive, mettant à mal la productivité même de ces derniers.
Il est urgent d'adapter notre propre territoire aux effets du réchauffement à venir.
Pour redynamiser les territoires
Le marché des crédits carbone est une véritable opportunité en France et en Europe. Il permet de créer des engagements financiers écologiques en circuits courts.
De multiples acteurs sont mobilisés pour la vente de crédits carbone : en plus du porteurs de projet et du financeur, il peut y avoir une entreprise intermédiaire comme AGOTERRA, des experts pour mettre en place des projets, des auditeurs pour les certifier, des coopératives, de la main d’oeuvre… Et bien sûr, le maintien d'emploi dans des zones parfois en décroissance : sylviculteurs, agriculteurs, maraichers, vignerons...
Pour recréer du lien entre une entreprise et son territoire
Tout comme une contribution carbone “classique”, la contribution carbone locale inclut deux acteurs, la différence étant que les deux se trouvent sur le même territoire (même pays, région, ou ville).
Le schéma reste le même : une collectivité, entreprise ou association achètent des crédits carbone à un créateur de puits de carbone : agriculteur, organisme responsable de forêt…
Cela permet de rapprocher les entreprises des agriculteurs d’une même région par exemple ; c’est une manière de se reconnecter à la terre nourricière, et créer une reconnaissance mutuelle entre l’exploitant agricole et son financeur.
Du greenwashing dans la contribution carbone ?
Le risque d'une contribution carbone à l’autre bout du monde, c'est de choisir un projet sans aucune traçabilité. Un projet qui impose aux habitants une seule variété d’arbres qui ne correspond même pas au type de sol de la région, sans aucun suivi dans le temps par exemple. Il est certes moins coûteux, mais se rapproche plus du greenwashing que de la contribution carbone.
Et parce qu’une piqûre de rappel est toujours nécessaire : il est nécessaire de noter qu’une démarche de contribution carbone n’a de sens uniquement si elle fait suite à une démarche d’évitement et de réduction des émissions de CO2.
Les émissions ne peuvent pas être annulées par compensation, et ne sont en aucun cas une autorisation à polluer.
Pour conclure, la contribution carbone locale est une solution d’avenir dans la lutte contre le changement climatique. Elle répond à la fois aux enjeux sociaux et environnementaux, tout en permettant au financeur de s'impliquer concrètement dans des projets à impact.
En plus du Label Bas Carbone qui certifie les projets français, un Label européen est en cours de création. L’objectif est de multiplier les projets territoriaux de contribution carbone.
Affaire à suivre ! 💪
SOURCES :