‍

Quels sont les enjeux de l'agroforesterie ? Comment peut-elle nous aider à faire face au dérèglement climatique ? Quels projets sur le terrain et quel accompagnement des agriculteurs, pour quels résultats ? 

C'est ce que nous allons voir avec Fabien Balaguer et Denis Asfaux, Directeur et Sécrétaire de l'Association Française d'Agroforesterie (AFA) et Guillaume Lascourrèges, Directeur Développement Responsable du Groupe Clarins. À travers des projets concrets dans plusieurs fermes françaises, nous verrons que la plantation d'arbres et de haies est vitale pour préserver nos sols et la biodiversité, mais elle ne s'improvise pas et nécessite un véritable accompagnement sur le terrain, mais aussi des financements spécifiques. 

‍

‍

CARBON CONNECT THÈME 2 : AGROÉCOLOGIE ET TRANSITION AGRICOLE

L'agroforesterie : les racines d'un approvisionnement de qualité

‍

Les enjeux de l’agroforesterie

D'après un  rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), depuis 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français, soit environ 1,4 million de kilomètres. La perte de linéaires de haies et d'arbres champêtres est un problème majeur pour l'agriculture et l'environnement.

Réintégrer les arbres dans l'agriculture

L'agroforesterie est une pratique agricole qui consiste à intégrer des arbres dans les cultures ou les pâturages. Cultivé sur le long terme, l'arbre est un pont entre le paysage et le sol, aussi bien en bordures de parcelles, de rivière ou de voirie, qu'au sein des parcelles agricoles.

Selon Fabien Balaguer de l'AFA, "l'arbre n'est pas juste une rustine sur une agriculture en bonne santé, mais c'est réellement un pourvoyeur de services et une ressource".  La plantation d'arbres et de haies peut avoir de multiples avantages pour les agriculteurs, tels que :

• l'amélioration de la qualité des sols : l'arbre agit comme une pompe à eau et à carbone, devenant un véritable allier du sol
• la réduction de l'érosion : un défi pour de nombreux agriculteurs aujourd'hui ! Pourtant les arbres peuvent aider à réduire l'érosion des sols en ralentissant le ruissellement de l'eau et en stabilisant les sols avec leurs racines.
• la régulation de la température : un véritable climatiseur pour les animaux
• ‍ la préservation de la biodiversité : en offrant des habitats et des sources de nourriture pour les animaux sauvages.
• ‍la fourniture de ressources supplémentaires telles que des fruits, du bois énergie, du bois d'oeuvre, ou du fourrage.

Il est donc essentiel de continuer à promouvoir et à soutenir l'agroforesterie en tant que solution durable pour l'agriculture et l'environnement.

L'intégration des arbres dans l'agriculture peut améliorer le bilan carbone mais aussi économique des exploitations. "Parce c'est durable si c'est rentable" souligne Fabien Balaguer. Mais la plantation d'arbres n'est pas chose facile et nécessite un véritable accompagnement sur le terrain. C'est ce que propose l'Association Française d'Agroforesterie(AFA). 

Accompagner les territoires dans la plantation d'arbres

Selon Fabien Balaguer de l'AFA, il faut avoir une approche systémique et que tous les acteurs du territoire agissent en concertation, pour créer un maillage paysagé et agricole efficace. Il faut, d'une part, sensibiliser aux bienfaits des arbres et des haies pour prévenir de l'arrachage encore trop souvent opéré pour agrandir les parcelles agricoles et faciliter le passage des machines. 

D'autre part, il faut  "planter bien, une fois". En effet, la qualité des plantations de départ est essentielle. Pour ce faire, il faut du bon matériel, des informations pertinentes sur les essences, le calendrier et les techniques de plantation, etc. Ce partage de connaissance est une des missions de l'Association Française d'Agroforesterie par de la recherche-action depuis 2007.

Le fonds AFTER, créé par l'AFA, permet le financement de la plantation d’arbres chez les agriculteurs, en partant toujours de leur besoin réel sur leur ferme (sol, biodiversité, fourrage, etc.). 

Soutenir les agriculteurs pour une gestion durable

La plantation c'est bien. Mais ensuite il faut que les agriculteurs puissent gérer correctement les arbres et les haies sur leurs parcelles. Cela implique de les former, de leur fournir le matériel et que les bénéfices qu'ils en tirent soient proportionnels au temps passé. 

De la plantation à la gestion, l'agroforesterie nécessite donc des moyens financiers. C'est là qu'interviennent des acteurs comme Agoterra pour solliciter et accompagner des entreprises comme Clarins dans leur démarche de décarbonation, en investissant dans la plantation d'arbres et de haies sur des exploitations agricoles. 

‍

Clarins s'engage dans l'agroforesterie pour un approvisionnement durable

Préparer la résilience de ses approvisionnements

Clarins, entreprise familiale française de produits de beauté, utilise de nombreuses plantes dans ses formulations. En se référant aux scénarios du GIEC, Clarins a constaté que, sur les 208 plantes de leur catalogue, 70 % d'entre elles verront leurs conditions pédoclimatiques bouleversées au cours des 20 prochaines années. Cela les a amenés à travailler sur deux axes principaux : sécuriser les achats et préparer la résilience des ingrédients végétaux de qualité.

Depuis 2016, Clarins a décidé d'investir dans des projets d'agroforesterie. Ce qui était au début un projet de contribution carbone agricole est devenu progressivement une vériable transformation de sa chaîne d'approvisionnement.

Le projet de Clarins avec Agoterra pour régénérer les sols agricoles grâce à l'agroforesterie est mis en œuvre sur le terrain avec l'aide de l'AFA et de ses partenaires locaux tels que Poules Haies Arbres dans le Nord de la France. Clarins a choisi de planter des arbres sans récupérer les crédits carbone, car ils considèrent que c'est un investissement nécessaire pour améliorer les pratiques agricoles et sécuriser ses approvisionnement sur le long terme. 

Exemple d'une ferme en agroforesterie

Un exemple concret de cet engagement de Clarins est la plantation de haies et d'arbres sur la ferme de François à Mouriez, dans le nord de la France. Cette ferme de 280 hectares est principalement consacrée aux grandes cultures, mais François a décidé de planter 1420 plants d'arbres et de haies pour améliorer la qualité et la vie de ses sols, ainsi que pour favoriser la biodiversité et les auxiliaires de culture.

Les objectifs de cette plantation sont multiples : lutter contre l'érosion, améliorer le système racinaire diversifié pour une meilleure rétention d'eau, étaler la floraison et la fructification dans le temps, et briser les vents dominants qui soufflent fort sur la ferme.

Le fonds AFTER et l'association Poules Haies Arbres accompagnent François dans la gestion durable de ses plantations pendant trois ans, en lui fournissant des conseils personnalisés.

‍

En conclusion, pour avoir de l'impact avec l'agroforesterie il faut :

- S'inscrire dans une démarche de territoire de long terme et cohérente pour l'ensemble des parties prenantes

- Sensibiliser tout le monde aux bienfaits des arbres sur l'environnement et la biodiversité

- Accompagner les agriculteurs sur la plantation ET la gestion des arbres et des haies

‍

‍