Qu'est-ce qu'un puits de carbone en agriculture ?
Notre chère planète n’a pas attendu notre arrivée pour créer des puits… mais tandis que les nôtres stockent l’eau qui nous permet de vivre, les siens stockent les surplus de gaz à effet de serre, ce qui lui permet de ne pas mourir. C’est fou, non ?Le bémol c’est que, nous, Homme, générons de plus en plus de gaz à effet de serre, tout en détruisant les puits de carbone naturels. Sommes-nous fous ?
Qu’est-ce qu’un puits de carbone ?
Comment fonctionne un puits de carbone ?
🔎 Par définition, un puits de carbone, c’est :
Puits carbone : nom masculin. Réservoir naturel ou artificiel qui stocke le CO2 en dehors de l’atmosphère Aussi appelé Puits de CO2, Puits de gaz carbonique
En d’autres termes, un puits de carbone naturel permet de capturer puis stocker les particules de CO2 présentes dans l’atmosphère.
Mais pour mieux comprendre leur fonctionnement, attardons nous sur les différents puits de carbone.
Quels sont les différents types de puits de carbone ?
Les principaux puits de carbone naturels sont les océans, les sols et les forêts. Voyons comment cela fonctionne chez chacun d’entre eux :
🌊 Pour les océans : l’océan capture et séquestre 30% du CO2 émis par l’Homme (CNRS). Ce dernier capte le CO2 dans l’atmosphère, qui réagit avec les molécules d’eau, et devient des ions de bicarbonate et ainsi libère des ions l’hydrogène. Plus il y a d’ions d’hydrogène, plus l’océan s’acidifie.
Ensuite, il y a 3 possibilités pour le CO2 :
- Il est dissous dans les eaux froides du fond, où il est stocké pour plusieurs centaines d’années
- Il est utilisé par les organismes marins pour fabriquer leur coquille ou squelette calcaire, ce qui libère un peu de CO2 dans l’oxygène
- 60% du CO2 capté reste à la surface et participe à la photosynthèse. Le plancton, avec le soleil, transforme le CO2 en matière organique constitutive des êtres vivants, ce qui libère également un peu de CO2 à la surface. Ensuite, le plancton est mangé, et entre dans la chaîne alimentaire des organismes marins. Les organismes marins finissent par mourir et tombent au fond de l’océan, où le CO2 reste pour plusieurs centaines d’années.
⚠️ Cependant, les océans s’acidifient avec l’augmentation de la teneur en CO2 dans l’air : plus l’océan est acide, moins il stocke de gaz à effet de serre, et plus il en libère. L’acide attaque les coquilles, squelettes, coraux et empêche les planctons de se développer.
🌾 Pour les sols : Le sol stocke du carbone sous forme de matière organique : les végétaux avec l’aide du soleil et de l’eau produisent la photosynthèse. Ainsi, tout comme un enfant repère les bonbons dans sa classe à l’heure du goûter, les végétaux captent le carbone atmosphérique, et le transforment en le digèrent en hydrate de carbone. Cet hydrate de carbone est ensuite déplacé vers le sol par les racines.
🌳 Pour les forêts : Par le même mécanisme de photosynthèse, les forêts captent 15% des émissions de CO2 produites par l’Homme en captant du CO2 et en le stockant sous forme de bois. La quantité de carbone absorbé dépend de la variété de l’arbre, de son implantation, de son âge… Une fois de plus, ce puits est menacé par la déforestation mais également les aléas climatiques comme les incendies ou les tempêtes.
🌾🌳 Pour les sols et les forêts, le mécanisme est le même : la captation de CO2 se fait par les végétaux.
- D’abord les végétaux vivants, qui se nourrissent du carbone atmosphérique et le transmettent dans le sol.
- Mais également les végétaux morts, qui en se décomposant mélangent leur matière organique et ainsi leur carbone au sol.
Notons que la matière organique est fabriquée par les êtres vivants (végétaux, animaux, champignons, micro-organismes…) ; par sa décomposition, elle fabrique la biomasse vivante ou morte.
Pourquoi mettre en place des puits de carbone ?
Avant toute chose, il est important de savoir que les gaz à effet de serre d’origine humaine sont responsables d’un peu moins de 65% de l’effet de serre.
Bien sûr, ces gazs étaient présents dans l’atmosphère naturellement, par la biodégradation des végétaux, le volcanisme, la respiration et les déjections des êtres vivants… Naturellement, il existe un équilibre entre le carbone émis et le carbone absorbé.
Or, depuis l’ère industrielle, et l’exploitation des énergies fossiles, cet équilibre est rompu. Les puits de carbone sont détruits par la déforestation, l’agriculture intensive ou encore l’urbanisation, et les émissions de carbone anthropique sont bien au-dessus de ce qui peut être stocké.
Mais, pourquoi cela pose problème ? Aujourd’hui, le taux de GES atmosphérique ne cesse de croître tandis que les puits de carbone sont de moins en moins efficaces. En s’attardant seulement sur le domaine agricole, les conséquences sont innombrables.
On observera :
👉 une augmentation des aléas climatiques extrêmes
👉 un changement de régime des précipitations
👉 une augmentation de la croissance des végétaux
👉 une augmentation moyenne de la température
👉 un avancement des calendriers culturaux
👉 une augmentation du risque d’inondation
👉 une baisse des régimes fluviaux l’été
👉 une hausse du niveau des mers, risque d’échaudage (*arrêt du développement du raisin ou des céréales à cause du dessèchement par le soleil)
👉 une augmentation de l’évapotranspiration (*transfert de l’eau vers l’atmosphère par une transpiration des plantes)
👉 une baisse des réserves souterraines
👉 une augmentation des sécheresses
👉 une baisse du bien-être des animaux
👉 une augmentation des risques pathogènes....
Et cetera, et cetera.
Qu’est-ce qu’un puits de carbone en agriculture ?
Comment le mettre en place ?
Pour lutter pour une transition climatique, des solutions existent : un ensemble de pratiques agronomiques permettant à la fois de rendre l’agriculture plus résiliente aux aléas environnementaux, de décarboner fortement l’ensemble du secteur et de séquestrer du carbone atmosphérique. On appelle ces méthodes agriculture régénératrice ou agriculture de conservation.
En effet, un sol en bonne santé, c’est un sol qui stocke du carbone. C’est un cercle vertueux : restaurer la santé des sols, en y développant la matière organique, lui permet de stocker toujours plus de carbone et surtout de moins en délivrer dans l’atmosphère.
Le carbone est un nutriment nécessaire au bien-être du sol, et permet une bonne fertilisation. De ce fait, un sol riche en carbone s’adapte mieux aux effets du réchauffement climatique.
Alors, comment faire pour mettre en place une agriculture régénératrice ?
- Rotation des cultures
- Plantation de haies
- Gestion des troupeaux
- Mise en place de cultures intermédiaires et intercalaires
- Mise en place de cultures intermédiaires et intercalaires
Et cetera, et cetera.
Pour en savoir plus sur les leviers et co-bénéfices de l’agroécologie, cliquez ici.
Quels sont les risques et les limites ?
Cependant, comme toute chose, cette solution connaît des limites :
Lors d’un climat trop chaud, l’humus se dégrade trop rapidement dans le sol, ce qui diminue à la fois sa fertilité et ainsi sa capacité de stockage de carbone. A l’inverse, lors d’un climat trop humide les végétaux se noient : l’oxygène qui est habituellement présent dans le sol se diffuse avec plus de difficulté. Or, comme nous l’avons vu, les végétaux sont nécessaires pour transmettre le carbone dans le sol.
Humus : fruit de la dégradation des matières organiques fraîches (végétaux , cadavres d’animaux et d’insectes, excréments…) par l’action des micro-organismes.
Aux aléas climatiques s’ajoutent la prolifération des insectes ravageurs venus des pays chauds, de plus en plus résistants, qui s’attaquent aux végétaux. 🪰
A cela s’ajoute l’urbanisation, qui empiète sur les terres agricoles, ou encore l’agriculture intensive, qui épuisent les sols par les mono-cultures, le labour trop régulier, l’utilisation trop intensive d’intrants chimiques…
SOURCES :
https://www.novethic.fr/lexique/detail/puits-de-carbone.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Puits_de_carbone
https://agriculture-de-conservation.com/L-agriculture-puits-de-carbone-vital.html